Mon enfant et les écrans écrit par Laurène Lahierre
Le paysage numérique évolue rapidement, et face à toujours plus d’avancées technologiques, il est quasiment impossible d’empêcher les enfants d’être exposés aux écrans. Les conclusions des recherches sur leur utilisation sont nuancées car elles soulignent aussi bien des bienfaits que des risques.
Un consensus se porte cependant sur un guide d’usage des écrans pour limiter leur incidence développementale, psychosociale et physique. Il repose sur :
L’âge d’exposition
La gestion du temps d’écran : impliquez votre enfant dans ce processus
L’atténuation des effets négatifs : la supervision parentale est essentielle
La modélisation autour d’habitudes positives : disciplinez-vous !
1. L’âge d’exposition
– Même si le bébé n’absorbe pas le contenu des émissions de télévision, celles-ci peuvent retenir son attention. A partir de 18 mois, il peut se souvenir de brèves séquences.
En revanche, une exposition soutenue chez les enfants de moins de 2 ans est corrélée avec d’importants retards de langage.
– Peu avant 3 ans, les enfants commencent à comprendre le contenu de ce qu’ils regardent. Mais à cet âge, la télévision est peu susceptible de soutenir leurs apprentissages. Ils apprennent beaucoup plus des échanges directs avec les personnes qui les entourent.
– Avant 3 ans, il est donc important d’encourager le « faire ensemble » plutôt que de regarder des dessins animés, même s’ils sont adaptés. Votre enfant pourra ainsi plus engager le langage, la motricité et les habiletés sociales.
2. La gestion du temps d’écran : impliquez votre enfant dans ce processus d’auto-régulation
– Définissez avec lui un emploi du temps afin de mieux le responsabiliser. Il peut prendre la forme d’un tableau avec les jours et le temps d’usage. Cela limitera les conflits liés à des malentendus ou des tentatives de négociation.
Vous pourrez également formaliser les temps sans écran (sport, repas, jeux, lecture…). Votre enfant comprendra ainsi que les écrans sont une activité « en plus » et non une solution immédiate à son ennui.
– Le temps d’écran ne doit pas décaler les heures de lever ou de coucher afin de préserver le sommeil. L’enfant ne devrait pas les utiliser moins d’une heure avant son heure de coucher.
– Si l’écran est partagé avec la fratrie, il est important de définir des créneaux pour chacun des membres de la famille.
3. L’atténuation des effets négatifs : la supervision parentale est essentielle
– Définissez des lieux sans écran (chambre à coucher, cuisine, salle de bain, toilettes) et des espaces communs où il pourra les utiliser.
– Choisissez un contenu éducatif adapté à l’âge de votre enfant.
– Soyez intéressé et présent quand votre enfant utilise les écrans. Il vous sera ainsi offert de mieux comprendre ses centres d’intérêt.
– Ce temps deviendra également une source de partage. Commentez, expliquez, clarifiez ce que votre enfant regarde. Interrogez-le sur sa compréhension des histoires, des émotions des personnages, de l’anticipation de l’intrigue…
En renforçant ses compétences langagières et cognitives, vous transformez le temps d’écran en une expérience d’apprentissage positif.
4. La modélisation autour d’habitudes positives : disciplinez-vous !
– Evitez de garder la télévision allumée, sans la regarder, quand vous prenez part à une autre activité.
– Soyez attentif à votre propre rapport aux écrans et veillez à ne pas les utiliser pendant les repas, les temps de jeux ou les temps en famille.
– Évitez de consulter votre téléphone trop souvent en présence de votre enfant. S’il vous sent captivé par votre mobile, il aura naturellement tendance à s’y intéresser.
– Expliquez à votre enfant la distinction entre « écran de travail » et « écran récréatif ».
Vous l’aurez compris, le but n’est pas d’avoir un rapport extrême aux écrans en les bannissant de la vie de votre enfant. Il s’agit de mettre un cadre pour qu’ils ne deviennent pas omniprésents et laisser ainsi à votre enfant la possibilité de s’exprimer à travers ce qui lui plait. Les écrans deviendront alors un support de partage et de dialogue.
Dans n’importe quel cas, qu’il soit grand ou petit, qu’il s’agisse d’écran ou de jeux vidéos, posez-vous toujours la question de sa motivation à les utiliser.
Est-ce parce qu’ils sont source de plaisir ou est-ce parce que votre enfant est dans l’évitement de certaines préoccupations, ou de son ennui ? Le deuxième scénario devra s’accompagner d’une vigilance particulière car il y aura plus de risques d’avoir un rapport excessif, voire abusif, aux écrans.